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07/10/2009

Témara: Les animaux en liberté dans le nouveau zoo


· Il obéira aux concepts éco-systémiques 

· 98 espèces animales africaines et 730 spécimens


· Le projet sera livré début 2011





«C’est une ménagerie!» Lorsque le haut-commissaire aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification, Abdeladim Lhafi, est appelé à donner son avis sur l’actuel zoo de Témara, il ne se gêne pas. «Ce soi-disant zoo ne mérite pas son nom». Il dit et redit d’un ton ironique: «il est dans un état délabré depuis 20 ans déjà». Et d’ajouter: «Parce que si l’on se réfère à la définition internationale du zoo, il y a lieu de distinguer trois types». Il existe des «zoos sans barreaux» qui sont construits sur des écosystèmes. Dans ce cas, les différentes espèces animales sont placées dans leur cadre naturel. En d’autres termes, «les animaux sont en liberté et ce sont plutôt les hommes qui sont dans les cages», ironise Lhafi. Par ailleurs, la conception du zoo peut se faire selon un point de vue géographique. Dans ce cas, les animaux ne sont pas répartis en fonction de leur place dans la classification systémique, mais maintenus dans des enclos collectifs où les espèces sont mélangées pour constituer des communautés animales comme dans la nature. Ce type de parc zoologique est dit «géo-zoo». Quant à la troisième conception, elle concerne des «zoos pour enfants». Ces derniers comportent des enclos de contact appelés «enclos à caresses», dans lesquels les animaux sont le plus souvent familiers pour être approchés, ou assez dociles pour être caressés et peuvent également être nourris. Toutefois, «notre zoo est un fourre-tout, un espace sans aucun concept», affirme le haut-commissaire. «Beaucoup de choses ont été dites sur ce parc et il y a un certain nombre de mises au point à faire», poursuit-il.



Le foncier finance le tout



A une certaine époque, l’idée était de concéder le zoo à des professionnels, histoire de mieux le gérer. Un appel d’offres lancé pour sa restructuration n’avait rien donné. «Des discussions avec des Hollandais ont révélé qu’ils étaient intéressés par le foncier et non par le zoo», précise Lhafi. Le problème a longtemps traîné et aujourd’hui le Souverain a donné ses instructions pour construire un nouveau zoo. «Il nous faut un zoo conçu selon les standards internationaux et un projet où c’est le foncier qui finance le tout. Tel était l’objet de l’initiative royale», fait rappeler Lhafi. Et de renchérir: «l’idéal était que l’opération soit maroco-marocaine». Et c’est ce qui a été effectivement retenu.
Le choix s’est fait sur de bonnes bases et l’on a décidé de construire un nouveau zoo sur une cinquantaine d’hectares, derrière le complexe sportif Prince Moulay Abdellah où il y a une concentration d’habitants et un prolongement de 1.000 ha de la ceinture verte, entre les villes de Rabat et Casablanca. Il y a eu un long débat autour de la création d’une fondation. La discussion a été tranchée et l’on a décidé de charger le Haut-commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification (HCEFLD) de créer une société anonyme à capitaux d’Etat avec les expertises les plus pointues. «Jardin zoologique national» est le nom qui a été donné à l’entreprise qui s’occupera du projet. «Le zoo est tout d’abord un métier», indique le haut-commissaire. «Nous avons ainsi engagé un cabinet d’expertise de Singapour «Bernard Harrison & Friends Ltd», pour la conceptualisation et la mise en place des programmes d’aménagement du nouveau parc», poursuit-il.
Le futur zoo de Témara doit obéir aux concepts écosystémiques. Il prend en considération l’aspect tropical et a pour spécificité la faune saharienne, la faune marocaine et la faune africaine. «Les travaux qui sont en cours concernent quelque 26 hectares et donneront naissance à un «zoo du jour». Il y aura aussi un safari de nuit, mais il sera traité séparément», indique Lhafi. Cette deuxième conception prévoit la présentation de 27 espèces animales essentiellement, comprenant 170 spécimens, et la création d’un restaurant de qualité supérieure. «L’idée est de créer un cadre idéal permettant aux visiteurs d’observer des animaux ayant des activités nocturnes», explique le haut-commissaire. A noter que le coût de la première tranche (420 millions de DH) englobe aussi les infrastructures de base du safari de nuit (études, canalisations, etc.). «Ce dernier sera conçu en fonction des disponibilités budgétaires. Pour l’instant, rien n’a été tranché et les modalités de sa réalisation sont toujours en discussion», renchérit Lhafi.
A l’heure actuelle, le chantier progresse selon le planning arrêté. Un an après le lancement officiel des travaux, les infrastructures de base sont, en effet, déjà visibles. «La clôture délimitant le parc, les fossés de sécurité, le terrassement et la voirie sont déjà finis», affirme Lhafi. Les travaux seront achevés fin 2010 et le zoo ouvrira ses portes au public début 2011.
Côté objectifs du projet, le parc vise la conservation des espèces menacées et le respect de l’environnement. Au-delà de ces missions, le futur parc constituera un pôle de récréation et de loisirs. Côté configuration paysagiste, le «zoo du jour» sera doté d’une «montagne» de l’Atlas d’une quinzaine de mètres. De la roche artificielle et des techniques sophistiquées seront utilisés pour la réalisation de ce paysage. De plus, 98 espèces animales africaines, comprenant 730 spécimens devraient alimenter le futur zoo. La collection animale actuelle sera enrichie par de nouvelles acquisitions. En effet, une partie de la collection va être transférée au nouveau zoo et une autre fera l’objet d’échanges avec d’autres zoos. «Des animaux, comme le lion de l’Atlas, dont le nombre est élevé, seront transférés à des zoos d’Afrique du Sud par exemple en contrepartie de girafes». A ce propos, des conventions ont été signées avec certains pays pour procéder à l’échange. Aussi, «un dernier marché a été adjugé il y a un mois pour l’acquisition de quelques animaux du Moyen-Atlas», indique Lhafi.




Les animaux se portent bien



Le coût du projet de réalisation du nouveau zoo est évalué à 420 millions de DH. Cette somme provient du produit de la cession au groupe Addoha du terrain de l’ancien zoo. Sur ce dernier, un projet baptisé «Riad Al Andalous» est en cours de réalisation. C’est la société Douja Promotion (groupe Addoha) qui se charge de sa construction, et ce, sur une superficie de 53 hectares. Seulement le terrain support du projet bien que payé intégralement n’a été libéré qu’à moitié. En effet, la partie du projet en cours de réalisation n’occupe, pour l’instant, que 25 hectares.
Le reste du terrain est toujours occupé par les animaux de l’ancien zoo et ne sera livré au groupe Addoha qu’après le transfert des animaux vers le nouveau parc (fin 2010). Toutefois, «les animaux, même dans un espace plus réduit, vivent dans de bonnes conditions de nutrition et d’encadrement», rassure le haut-commissaire. A noter que le groupe Addoha a versé quelque 20 millions de DH pour assurer leur alimentation et entretien. «Cette somme représente le manque à gagner par rapport au transfert des animaux», explique Lhafi. source: Journal Leconomiste

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