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13/12/2010

Wikileaks: l'Algérie, partenaire clé "paranoïaque" des Américains

Les câbles diplomatiques américains révélés par Wikileaks décrivent le partenariat d'Alger avec Washington dans la lutte contre Al Qaeda et la position de Bouteflika sur le conflit au Sahara occidental.
Depuis le 28 novembre dernier, Wikileaks, le site créé par l'Australien Julian Assange, fait la lumière sur les coulisses de la diplomatie mondiale. Parmi les notes américaines diffusées par le site et par son journal français partenaire Le Monde, plusieurs concernent l'Algérie. Partenaire clé dans la lutte contre Al Qaeda Des rapports de l'ambassade américaine à Alger rédigés entre 2008 et 2010 révèlent que la coopération entre l'Algérie et les Etat-Unis s'est accrue depuis 2007, rapportent le Guardian et le Los Angeles Times. Les Etats-Unis considèrent ce pays comme un maillon essentiel de sa lutte contre Al Qaeda au Maghreb. Les notes montrent la volonté des dirigeants de la région menacés par Aqmi de coopérer discrètement mais sérieusement avec Washington et aussi le désir de mettre à profit l'obsession américaine du terrorisme pour négocier de nouveaux avantages, selon Le Monde. Début 2010, Alger a ainsi donné son accord pour des "survols de surveillance" américains "contre des cibles d'Aqmi au Sahel". C'est la conséquence de la première visite à Alger, en novembre 2009, du chef d'Africom (Commandement américain pour l'Afrique), le général Ward. "L'Algérie souhaite être un partenaire stratégique et pas un adversaire", lui a alors déclaré Bouteflika. Incompétence et paranoïaWashington manifeste néanmoins un certain mépris pour les services de sécurité algériens: leurs agents "sont incompétents lorsqu'ils s'agit des taches polyvalentes. Pour cacher leur méfiance et leur paranoïa, ils utilisent des astuces bureaucratiques. Contrairement à nos programmes avec d'autres pays, les services de renseignements militaires algériens effacent toutes traces de nos activités bilatérales militaires." rapporte le quotidien algérien Le Matin. Quelques jours après les attentats du 11 décembre 2007 à Alger, l'ambassade américaine a rédigé un rapport dans lequel elle met en doute les capacités des services de sécurité Algériens à contrecarrer la menace des kamikazes du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Pour Robert S. Ford, l'ambassadeur américain en poste à l'époque à Alger, les services de sécurité Algériens "ne savent pas quand des attaques terroristes pourraient se produire ou sous quelle forme elles se produiront". Et de qualifier l'attitude et les réactions du gouvernement Algérien face à ces attentats de "faibles et stupides". "Bouteflika est apparu très affligé par les attentats d'Alger et ne sait pas quoi faire", note Robert S. Ford, qui cite une réunion entre le Chef de l'Etat et le Premier Ministre Portugais Socrates, peu après les attentats. "Bouteflika a exhorté Socrates à convaincre les Etats européens d'aider les services de sécurité algériens". La France, l'Algérie, le Maroc et... le Sahara occidental L'affront de Sarkozy aux MarocainsEn 2007, Nicolas Sarkozy réserve son premier déplacement au Maghreb à l'Algérie. Paris explique alors aux Marocains que le roi Mohammed VI a tout à gagner à ce que la visite se termine à Rabat. Vexés les Marocains s'estiment trahis -Jacques Chirac avait choisi l'ordre inverse- et annulent la visite à Rabat du président français: ils avancent des "considérations d'agenda, un prétexte vide à la mesure de l'affront subi", indique un télégramme du département d'Etat américain obtenu par WikiLeaks et révélé par Le Monde. "La France n'a jamais vraiment accepté l'indépendance algérienne" et tente de régler ses comptes avec l'Algérie "en appuyant le Maroc", a estimé le président algérien Abdelaziz Bouteflika en 2007, selon des mémos diplomatiques américains. Les Français, "du fait du poids de leur histoire coloniale au Maghreb, sont incapables de jouer un rôle constructif dans le conflit" duSahara, a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec Frances Fragos Townsend, conseillère du présidentGeorge W. Bush pour les affaires de sécurité, rapporteLe Monde. "Si je pouvais résoudre le problème [du Sahara] je le ferais", a-t-il aussi assuré. "Mais je ne peux pas parler à la place des Sahraouis".
Ce qu'il faut c'est que "le Maroc et le Polisario trouvent une solution, et ils peuvent le faire avec l'aide des Américains". En février 2008, selon un autre télégramme, Bouteflika a jugé que les Marocains souhaitent "un Anschluss, comme Saddam Hussein avec le Koweït". Et de déclarer ultérieurement, à l'encontre du roi du Maroc, Mohammed VI: "Il n'est pas ouvert, et manque d'expérience". Côté marocain, les critiques fusent aussi.
En Algérie, expliquent des responsables marocains en juin 2009 au représentant personnel du secrétaire général de l'ONU, le pouvoir est toujours entre les mains de généraux dogmatiques, "pétrifiés" à l'idée du plan d'autonomie pour le Sahara présenté par Rabat.

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