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20/01/2011

Trente-trois membres de la famille Ben Ali auraient été arrêtés

LE MONDE.FR avec AFP et Reuters | 19.01.11 | 19h56 • Mis à jour le 19.01.11 | 22h59
AFP/FETHI BELAID

Selon des informations de l'agence Reuters, trente-trois personnes de la famille de l'ex-président tunisien Ben Ali auraient été arrêtées mercredi 19 janvier. Elles sont soupçonnées de "crimes contre la Tunisie", a annoncé la télévision tunisienne, qui diffuse des images de bijoux et d'or saisis lors des interpellations. "Des enquêtes vont être menées pour qu'elles soient traduites en justice", dit un communiqué lu à l'antenne, émanant d'une "source officielle".

Des manifestations ont encore rassemblé, mercredi 19 janvier, des milliers de Tunisiens dans la capitale et en province, notamment à Sidi Bouzid, Regueb, Kasserine, et Thala. Ces localités, dans le centre du pays, ont été au cœur de la "Révolution du jasmin", qui en un mois d'émeutes populaires a balayé le régime autocratique du président Ben Ali. Mercredi soir, une trentaine de manifestants bravaient le couvre-feu soir en dépit des injonctions de policiers et militaires affichant une retenue jamais vue.

Mais le gouvernement d'union nationale tunisien est toujours dans la tourmente. Mercredi 19 janvier, le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL), qui disposait du ministère de la santé, a annoncé s'en retirer définitivement et a demandé des négociations en vue de la formation d'un nouveau cabinet.

Le FDTL, qui faisait partie de l'opposition légale au régime du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, avait déjà annoncé, mardi, qu'il suspendait sa participation au gouvernement de Mohammed Ghannouchi, déjà affaibli par le départ de trois ministres issus de la centrale syndicale UGTT.

L'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) et des personnalités politiques indépendantes appuyées par des manifestants dénoncent en effet la composition du nouveau gouvernement formé lundi, où ont été reconduits à des postes clés huit membres de l'équipe sortante de l'ex-dictateur.






La composition du nouveau gouvernement, où ont été reconduits huit membres de l'équipe sortante de Ben Ali, suscite toujours la colère en Tunisie.AFP/FETHI BELAID



GAGES DE DÉMOCRATIE


Réagissant à ces départs, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) avait indiqué avoir radié de ses rangs Ben Ali et six de ses collaborateurs. Le président par intérim, Foued Mebazaa, et le premier ministre renonçaient également à leurs fonctions au sein du RCD quelques heures plus tard.

Mercredi, M. Mebazaa s'est par ailleurs engagé, dans une allocution solennelle à la télévision, à une "rupture totale avec le passé" : "Je m'engage auprès de vous à déployer tous les efforts et à utiliser toutes mes prérogatives pour que le pays traverse cette phase difficile et qu'on aboutisse à ce que toutes les aspirations légitimes du soulèvement soient satisfaites et que se réalise cette révolution de la liberté et de la dignité." "Ce gouvernement va procéder à la séparation entre l'Etat et le parti", a-t-il promis, en référence au RCD, symbole de corruption et de répression.

Trois partis d'opposition non reconnus sous le régime du président déchu ont aussi été légalisés durant les trois derniers jours : Tunisie Verte (écologiste), d'Abdelkader Zitouni, le Parti socialiste de gauche, de Mohamed Kilani et le Parti du travail patriotique et démocratique tunisien, d'Abderrazek Hammami. "Nous avons reçu notre visa lundi", a indiqué M. Zitouni, ajoutant avoir été reçu par Mohamed Ghannouchi.

Le gouvernement, par la voix du nouveau ministre du développement régional, Najib Chebbi, a enfin annoncé la libération de tous les prisonniers politiques de Tunisie, y compris les islamistes du parti Ennahda. Le journaliste et opposant emprisonné Fahem Boukadous, condamné le 6 juillet à quatre ans de prison ferme, a par exemple été libéré, a confirmé son épouse.

PREMIÈRE RÉUNION REPORTÉE

Malgré ces gages d'ouverture, l'UGTT a toutefois annoncé qu'elle ne reviendrait pas sur sa décision de ne pas participer au gouvernement. Le cabinet devait se réunir une première fois, mercredi, mais face à la grave crise qu'il traverse, Nejib Chebbi a finalement précisé que la réunion serait repoussée à une date non précisée mais qui pourrait être jeudi.

Lors de cette réunion, le gouvernement doit prendre des mesures très attendues, comme l'amnistie pour tous les opposants politiques. L'autre sujet sensible à l'ordre du jour sera l'application du principe de la séparation de l'Etat d'avec l'ancien parti au pouvoir, le RCD. Le cabinet doit aussi préparer des élections législatives et présidentielle, qui pourraient se tenir dans les six mois.

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