Lourde chute des Bourses mondiales, déconfiture des titres bancaires, brutal repli de l'euro… le coup de froid qui a soufflé sur les marchés financiers hier a des airs de déjà-vu. Il nous ramène deux ans en arrière, au temps pas si lointain de la crise des « subprimes », lorsque les investisseurs inquiets vendaient massivement leurs titres à la moindre alerte sur l'ampleur des actifs toxiques logés dans les bilans bancaires. Au cinéma, on appellerait cela un remake.
Sauf que le rôle principal n'est plus tenu par les grandes banques internationales plombées par les « subprimes », mais par les Etats de la zone euro dont les finances publiques sont les plus dégradées du fait de la crise. Comme si la Grèce et l'Espagne avaient remplacé Bear Stearns et Lehman Brothers !
Un bras de fer est désormais engagé entre les marchés et la zone euro. Et son issue est incertaine. Tant que le risque était circonscrit à la Grèce aux déficits publics abyssaux et à l'économie vacillante, mais dont le poids dans la zone euro reste marginal, la peur d'un effet domino s'apparentait davantage à un fantasme qu'à une réalité économique. Depuis hier, la donne a changé. En pointant du doigt la fragilité de deux autres maillons supposés faibles de l'euroland, à savoir le Portugal et surtout l'Espagne, 4 eéconomie de la zone, les marchés ont donné corps au risque de contagion. C'est désormais l'ensemble des composantes de la monnaie unique qui se retrouvent sous pression.
Et le message qui a été envoyé hier par les marchés est des plus clairs. Les Etats ne pourront pas se refinancer indéfiniment auprès des investisseurs. L'heure de refermer les vannes de la dépense budgétaire est arrivée plus vite que prévu. Pour les PIGS, doux acronyme réservé aux plus endettés, il est plus que temps de prendre les mesures qui permettront d'assainir rapidement la situation. Pour les autres membres de la zone euro, cela veut aussi dire qu'il ne faut plus tarder. La semaine dernière, plusieurs pays avaient certes donné des gages de leur volonté de restaurer leur santé financière à un horizon plus ou moins lointain. Manifestement, ces bonnes intentions n'auront pas suffi à calmer les inquiétudes.
Le problème c'est que la voie est des plus étroites pour les dirigeants de la zone euro. Parce que, d'abord, ils ne peuvent pas s'abstraire de la pression de marché, tant les besoins de financement de leurs pays restent importants. Parce que, aussi, la reprise économique reste fragile. La remontée surprise des inscriptions au chômage outre-Atlantique l'a prouvé hier. Et le plus sûr moyen de lui tordre le cou serait de resserrer trop vite les cordons de la dépense publique. (Les Echos du 05/02/10)
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