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23/04/2010

Logistique: Le détail du contrat-programme

Logistique: Le détail du contrat-programme

· Un investissement global de 116 milliards de DH
· Création de 36.000 emplois en 2015 et 96.000 en 2030
· Les missions des plateformes sectorielles

116 milliards de DH d’ici 2030 dont 63 milliards entre 2010 et 2015. L'enveloppe prévue pour la déclinaison de la stratégie logistique en dit long sur les enjeux de ce secteur. C’est indéniablement un maillon important de la compétitivité de l’économie et de l’attractivité des investissements étrangers. 

Le contrat-programme signé entre l’Etat et la CGEM apporte des réponses aux multiples problèmes de gestion des flux et de mobilité dans les grands centres urbains. Il permettra d’anticiper les besoins ultérieurs et d'accompagner les différentes stratégies sectorielles. 

L’entrée en vigueur du contrat-programme vient donc doper la compétitivité du pays tout en mettant plus de cohérence entre la politique des grands chantiers (autoroutes, routes, ports, flux maritimes, réseau ferroviaire…), les différentes stratégies sectorielles et la logistique (stockage, manutention, transport…). Une activité qui reste jusque-là pénalisée par le poids des coûts, la pléthore d’intermédiaires et l’amateurisme. 

Pour enclencher une nouvelle dynamique au secteur, toute une stratégie a été donc concoctée. Elle puise son fondement d’une étude des flux et d’un benchmark international. Cette stratégie a été également alimentée par une consultation du cabinet McKinsey qui avait placé le Maroc à la 94e place sur une liste de 150 pays. Un coup dur asséné à l’image du pays, d’autant plus que le Maroc se classe loin derrière le Bahrein (36e), le Soudan (64e), la Mauritanie (67e)… 

Les différentes études ont démontré l’existence de marges importantes de croissance et des gisements d’amélioration tant à l’export qu’à l’import. Le tout sur fond d’un contexte en mutation marqué par une sophistication du commerce international et une demande des opérateurs qui requiert l’optimisation des différents flux de marchandises ainsi qu’une offre de services intégrée. Autrement dit, plus de place à l’amateurisme et à l’improvisation. 

Et c’est d’ailleurs l’objectif de la nouvelle vision qui devra générer une valeur ajoutée additionnelle de 20 milliards de DH sur 10 ans. Elle devra faire baisser les coûts de la logistique (de 20% actuellement) à 15% du PIB en 2015. A cette échéance, la croissance de l’économie nationale gagnera 3 à 5 points du PIB.

En termes d’emplois, la nouvelle stratégie devra générer 36.000 postes. L’objectif final est de créer pas moins de 96.000 emplois en 2030. Un plan de formation intégré sur les métiers de la logistique et du transport est mis en place. 

Comme annoncé par L’Economiste, la vision s’articule autour de 5 axes: le développement d’un réseau national intégré de zones multiflux, l’optimisation des flux de marchandises, la mise à niveau et l’incitation à l’émergence d’acteurs performants, le développement de compétences et la mise en place d’un cadre de gouvernance via l’Agence de développement de la logistique (AMDL). 

Pour commencer, la feuille de route compte sortir les zones de stockage hors des villes en créant 70 sites répartis sur 18 villes. Une opération qui nécessitera une assiette foncière globale de 3.300 hectares (horizon 2030) dont 2.080 ha aménagés en 2015. Il va donc falloir développer et mettre en œuvre un réseau national intégré de zones logistiques multiflux (ZLMF) dans le Grand Casablanca (130 ha), Tanger (50 ha), Fès-Meknès (25 ha), Marrakech (25 ha) et Oujda-Nador (20 ha). 

Dans ce schéma, la mobilisation du foncier reste une équation difficile. Tout dépendra de la capacité de mobiliser du foncier à un coût raisonnable dans le respect d’un certain nombre de critères tels que la localisation (proximité des ports, des villes, des autoroutes, du réseau ferroviaire…). 


D’ailleurs, la mise en œuvre de ce schéma reposera dans un premier temps sur du foncier public. C’est le cas par exemple de la zone de Zenata à Casablanca. L’enjeu est de taille. Car les zones multiflux comporteront une ou plusieurs plateformes différentes avec une mutualisation des infrastructures communes et des services généraux sur le même site. Il n’est pas exclu de recourir à des extensions de zones logistiques multiflux pour couvrir les besoins ultérieurs des autres régions en matière de plateformes et services logistiques. 

La colocalisation de plusieurs types de plateformes dans une même zone multiflux et l’établissement de couloirs logistiques autour de grandes métropoles permettront la mutualisation de la connectivité du site en infrastructures ferroviaires, routières et portuaires.

Le schéma national intégré des ZLMF prévoit le déploiement d’un réseau national autour de cinq types de plateformes. 

Plateformes conteneurs
Ce sont des zones de stockage sous douane servant de nœuds logistiques en flux conteneurs. Elles offrent des espaces de stockage et des activités telles que les services de dépotage/ empotage des conteneurs, triage par destination, chargement, déchargement… Ces plateformes seront développées sous l’effet du marché afin d’améliorer le rythme de sortie et de rentrée des conteneurs ainsi que leur acheminement dans les meilleurs délais. Au total, 5 grands centres/villes sont retenus: Casablanca, Tanger, Marrakech, Fès-Meknès, Oujda-Nador. 

Plateformes distribution et sous-traitance
Celles-ci auront pour rôle d’accompagner la croissance de la distribution moderne ainsi que la rationalisation des circuits de la distribution traditionnelle. Un réseau de plateformes spécialisées et une offre d’immobilier logistique sera mis en place. Cette offre s’adresse à la grande distribution, aux opérateurs industriels et commerciaux. 

Ces plateformes vont s’étendre sur 720 hectares à l’horizon 2015 et 1.338 d’ici 2030. Elles seront développées dans les grandes agglomérations urbaines et à proximité des plateformes conteneurs. 

Au total, 13 villes sont retenues: Casablanca, Tanger-Tétouan, Rabat, Marrakech, Meknès, Fès, Agadir, Oujda, Kenitra, Khouribga, El Jadida, Laayoune et Dakhla.


Plateformes d’agro-commercialisation
Elles représentent une réponse à la rationalisation des flux agricoles entre les bassins de production et de consommation (groupage des collectes, éclatement vers les réseaux de distribution et bassins de consommation). 

Ce seront alors de nouvelles stations pour le transit des produits agricoles, appelées à devenir une bourse des produits frais. Ces plateformes seront dotées d’infrastructures de stockage, de capacités importantes d’entrepôts frigorifiques, ainsi que de nombreux services tels que la manutention, le contrôle qualité, la traçabilité des produits, administration, banques…

Ce type de station devra aussi contribuer à la réduction et à l’harmonisation des coûts de commercialisation ainsi que le prolongement de la chaîne de froid et surtout le respect des conditions d’hygiène. Ces sites s’étendront sur une superficie de 540 hectares d’ici 2015 et passeront à 725 ha en 2030. Ainsi, 14 régions sont susceptibles d’accueillir ces plateformes. Parmi celles-ci, figurent le Grand Casablanca, Rabat-Salé, Tanger-Tétouan, Meknès-Tafilalet, l’Oriental, Doukkala-Abda, Chaouia, Souss-Massa…


Plateformes céréalières
Ces sites devront constituer une réponse aux fluctuations de la production nationale en céréales ainsi qu’au phénomène de la volatilité des prix à l’international. Il est aussi question de développer des capacités de stockage à proximité des ports d’importation, auprès des bassins de production, ainsi que des principaux bassins de consommation. 

Des silos de stockage seront mis en place afin d’améliorer et sécuriser l’approvisionnement, optimiser les achats pour stabiliser les prix et maîtriser les besoins de compensation. Ce dispositif permettra de mieux organiser les flux vers les minoteries et l’accès aux producteurs. Les plateformes céréalières seront d’ailleurs développées en synergie avec les orientations du Plan Maroc Vert. La superficie prévue est de 30 ha en 2015 et devra passer à 50 ha en 2030. Ces zones seront développées dans 13 villes. 


Plateformes de matériaux de construction
Elles ont pour objectif d’améliorer les chaînes d’approvisionnement des chantiers de construction. Ces plateformes dédiées visent le groupage des matériaux pour une massification des flux et une meilleure desserte des villes. Il est aussi prévu d’en faire des zones de stockage et de commercialisation des produits de base et ceux transformés… Ce qui permettra d’harmoniser les prix, de normaliser le secteur et de mettre en concurrence les différents acteurs pour un meilleur rapport qualité/prix. Ces plateformes seront développées sur 540 ha d’ici 2015 et 780 ha en 2030. Elles seront localisées dans 17 villes, de Casablanca à Laâyoune.

Investissements
L’investissement global de ce programme nécessite près de 116 milliards de DH d’ici 2030 dont 63 milliards entre 2010 et 2015. Ces montants correspondent à l’ensemble des investissements qui seront mis en place par l’Etat, les collectivités locales, les opérateurs publics et privés pour le développement des ZMLF. Ils concernent aussi la réalisation des infrastructures hors sites, l’optimisation des flux, la mise à niveau et la formation dans les métiers liés à la logistique et au transport ainsi que la création et le fonctionnement de l’agence (AMDL) et de l’observatoire de la compétitivité logistique. 


Assises
Comme pour l’industrie et le tourisme, la logistique aura droit à des assises. Ce sera donc l’occasion annuelle pour faire le point sur l’implémentation de la stratégie. La rencontre devra communiquer les grandes lignes ainsi que l’état d’avancement des différents dossiers: formation, emploi, investissement… Une étape cruciale pour revalider la stratégie et proposer des ajustements.


La CGEM attendue en 2011
Le patronat est le principal partenaire de l’Etat dans le cadre de ce contrat-programme. La Confédération s’engage à présenter au comité de pilotage de la stratégie un programme d’action détaillé dans les 12 mois qui suivent la signature du document. Rendez-vous donc le 21 avril 2011. Khadija Masmoudi & Amin Rboub

Source: leconomsite




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