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30/12/2009

Attentat manqué : le parcours du jeune terroriste nigérian

Enfance privilégiée, études brillantes avant de devenir djihadiste prêt au martyre… Les informations connues sur Umar Farouk Abdulmutallab permettent de reconstituer une bonne partie de l'itinéraire du jeune homme jusqu'au vol 253 Amsterdam-Detroit.
Une enfance privilégiée. Umar Farouk Abdulmutallab, 23 ans, est le fils d'Umar Abdulmutallab, 70 ans, un ancien banquier et ministre du Développement économique et de la Reconstruction du Nigeria, et de sa seconde épouse. Le septuagénaire, qui a seize enfants, a été le président du conseil d'administration de la First Bank of Nigeria jusqu'à sa retraite, la semaine dernière. Considéré comme un des hommes les plus riches de son pays, il possède un logement dans le centre de Londres.
Ses amis et des employés de ses parents décrivent le jeune Umar Farouk comme un fan de football et un joueur occasionnel de basket-ball. Sa passion pour le sport décroît au fur et à mesure qu'il grandit et s'intéresse davantage à la religion. Umar Farouk prenait très au sérieux, assure un domestique au Time, la prière quotidienne cinq fois par jour.

Un lycéen brillant au Togo. Comme la plupart des Nigérians prospères, son père envoie Umar Farouk faire ses études à l'étranger. Au lycée, l'adolescent est scolarisé à la British International School de Lomé au Togo. Elève doué et brillant, il s'y serait fait déjà remarquer par ses idées radicales et aurait été surnommé par ses camarades «Alfa», un terme local désignant les spécialistes de l'Islam. En 2001, «il soutenait que les talibans, au pouvoir à Kaboul, avaient raison, alors que tous les autres élèves musulmans pensaient que c'étaient une bande de barjos», a témoigné à la BBC son ancien professeur d'histoire. Malgré cela, Abdulmutallab était selon lui un «rêve… un étudiant assidu, enthousiaste, très poli, qui engageait des discussions après les cours». «Il était religieux mais était vêtu à l'occidentale», note l'enseignant.

Des études supérieures entre Londres et Dubaï. Entre 2005 et 2008, le jeune homme s'installe à Londres où il décroche une licence d'ingénierie mécanique à l'University College London. C'était «un garçon aux bonnes manières, parlant calmement, qui n'a jamais posé de problème», souligne-t-on là-bas. Il tente en mai 2009 de retourner au Royaume-Uni. Mais les services d'immigration britanniques rejettent sa demande de visa étudiant, car ils ont des doutes sur le sérieux de l'établissement où il souhaitait étudier. Le Nigérian est placé sur une liste de surveillance, qui lui interdit de séjourner dans le pays.

Après un bref passage en Egypte, le jeune homme s'inscrit début 2009 en commerce international dans la branche de Dubaï de l'université australienne de Wollongong. Il suit les cours du premier semestre mais disparaît en juillet. Umar Farouk confie à son père, qui y consent, désirer suivre au Yémen un cours d'été d'arabe. Rassurées par le nombre de visas de pays amis, dont un des Etats-Unis, sur le passeport du jeune homme, les autorités yéménites n'auront aucune réticence à autoriser son séjour. Sur la sellette, le Département d'Etat américain a justifié l'octroi, en juin 2008, de ce visa touristique, valable deux ans, par le fait que le jeune homme, à cette époque insoupçonnable, avait les moyens de le payer, fréquentait une bonne école, et s'était déjà rendu aux Etats-Unis.

Le tournant yéménite. Umar Farouk Abdulmutallab vit au Yémen de début août à début décembre 2009. L'étudiant étudie l'arabe dans un institut de Sanaa, dont il a déjà suivi des cours à une date que ne précisent pas les autorités. Le Nigérian habite dans une résidence étudiante de la capitale. Décrit comme un individu au comportement «normal», «il ne s'isolait pas et côtoyait les filles», assure une condisciple américaine. Mais brusquement, l'étudiant modèle annonce à sa famille qu'il coupe les ponts et ne leur donnera plus de nouvelles. Cette attitude inhabituelle pousse son père à alerter, en novembre, les services secrets étrangers et nigérians. On ignore le parcours du jeune homme après cette annonce mais il a affirmé au FBI avoir été entraîné par al-Qaida.

L'étape ghanéenne. On retrouve la trace de Umar Farouk Abdulmutallab le 16 décembre à Accra, au Ghana, où il achète un billet d'avion aller-retour Lagos-Detroit via Amsterdam. Il réglera les 2.831 dollars en liquide. Les enquêteurs cherchent maintenant à savoir ce qu'a fait le jeune homme - qui fêtait son anniversaire le 22 décembre - entre cet achat et 24 décembre. La veille de sa tentative d'attentat, il retourne à Lagos au Nigéria via un vol KLM pour embarquer vers Amsterdam. source: le figaro

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