De nouveau une confrontation entre l’Algérie et l’Egypte en demi-finale de la CAN. Qui va l’emporter et représenter le monde arabe en finale? Mais au delà de l’enjeu sportif comment vont se comporter les dirigeants politiques de chaque pays ? Vont-ils mettre de l’huile sur le feu, tenter de récupérer la ferveur populaire ou prendre un peu de hauteur ? Cela sera significatif de la confiance ou de l’absence de confiance qu’ils ont en eux-mêmes face à leur peuple ?»
Ce «ressenti» est celui de Pascal Boniface directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages sur les problématiques géopolitiques et l’auteur de « La Terre est ronde comme un ballon. Géopolitique du football» «football et mondialisation» car vous l’avez compris ce brillant analyste est un féru à la fois des relations internationales et du football. Que dit-il dans cet ouvrage ?
Que le football qui fascine les foules est un sport simple aux règles faciles qui est né en Angleterre et qui s’est diffusé dans le monde entier d’abord par la mer et puis par le chemin de fer comme au Brésil. Ce sport est un fait social à lui seul, vecteur de passions et d’émotions qui peut galvaniser les foules et transformer le stade en terre de combat : «Le football, dit-il, jette des braises sur des passions nationalistes. Ainsi, en 1969, au moment de la Coupe du Monde qui s’est tenue au Mexique, une véritable guerre a opposé le Salvador et le Honduras ; elle a fait plus de 3 000 morts dans les deux camps. Dans des cas extrêmes, le sport est instrumentalisé et participe de la bonne image de certains régimes autoritaires, comme l’a fait Mussolini dans les années 1930 ou l’Argentine en 1978 quand elle accueille la Coupe du Monde. Plus près de nous, les hooligans par leurs agissements et leurs injures racistes font des stades des lieux de la haine et de la violence. Le football semble donc partie prenante de la violence de nos sociétés » écrit Pascal Boniface. Mais le foot n’est pas que cela : il est un marqueur identitaire, dans un monde transformé en vaste village planétaire. Ainsi, de 1958 à 1961, l’Algérie disposait d’une équipe de foot, avant même que le pays n’accède à l’indépendance. Alors que la guerre civile fait rage en Côte d’Ivoire, seul un match de foot permet d’assurer, durant 90 minutes, la cohésion du pays derrière son équipe nationale».
Opium du peuple, marqueur identitaire vecteur de passion et de haine, le football est tout cela à la fois .On se souvient des incidents qui ont émaillé l’après match Algérie-Egypte du Soudan : les bureaux d’Egypte Air dévastés par des centaines de supporters de l’équipe algérienne de football, qui ont tout défoncé sur leur passage. Même sort au siège de l’opérateur de téléphonie mobile Djezzy, du groupe égyptien Orascom, qui avait été saccagé par des centaines de jeunes supporteurs. Véhicules incendiés, matériel informatique détruit, mais derrière ces actes de vandalisme c’est tout le cri d’une jeunesse en mal vie qui remonte en surface au cri de One two Tree Viva Algérie !
source: Le Matin
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