· Le Comité exécutif du parti exige l’audit des comptes
· Le clan Mezouar lie responsabilité politique et juridique
· Le 23 janvier, Mansouri risque d’être éjecté de la présidence
«Œil pour œil, dent pour dent». D’un côté le ministre des Finances Salaheddine Mezouar, de l’autre le président du parti, Mustapha Mansouri. Dorénavant, la loi du talion sévira au sein du Rassemblement national des indépendants (RNI).
Même si en public l’on se contente, pour l’instant, d’une confrontation judiciaire.
Sur le terrain, le clan Mezouar, qui se revendique «réformiste», a introduit le 8 janvier une requête en référé devant le tribunal de première instance de Rabat.
C’est plus exactement le Comité exécutif où siège actuellement cinq membres du gouvernement: Amina Benkhadra (Energie et Mines), Aziz Akhannouch (Agriculture), Moncef Belkhayat (Sport), Salaheddine Mezouar (Finances) et le secrétaire d’Etat à l’artisanat, Anis Birou. Comité qui demande au président du tribunal de diligenter un audit financier des comptes du parti. L’objectif est de «s’assurer que le RNI tient un compte conformément aux règles légales et statutaires et que les fonds sont déposés dans une banque au nom du parti». «Il s’agit aussi de vérifier le compte ou les comptes bancaires ouverts au nom du RNI auprès de la Banque marocaine du commerce et de l’industrie (BMCI)», précise la requête de Me Tayeb Mohamed Omar, avocat au barreau de Casablanca.
Tactique politique et judiciaire
Visiblement, la confrontation avec le président du RNI n’est plus motivée seulement par sa gestion politique. Cette fois-ci, l’aspect financier entre en jeu.
Sur le plan tactique, ses détracteurs lient conjointement responsabilité politique et pénale… A cet égard, les déclarations de Me Tayeb à L’Economiste sont sans équivoques: «le président du RNI et le vice-trésorier, Abdelhamid Khalili, engagent unilatéralement les comptes du parti. Or la signature conjointe des chèques par le trésorier, Boudlal Bouhdoud, s’impose», indique l’avocat. Sa requête demande si tous les règlements effectués au nom du parti et dépassant 5.000 DH et les dépenses au-delà de 10.000 DH on été tous fait par chèque bancaire ou postal? En clair, Mansouri doit justifier sa gestion depuis qu’il a été nommé à la tête du parti en 2007: certification des comptes par un expert-comptable, les déclarations légales auxquelles sont soumises les formations politiques auprès de la Cour des comptes, les rapports annuels administratifs et financiers… Le Comité exécutif demande au final qu’un rapport sur toutes ses questions soit remis au tribunal. Une autre requête cible la «suspension temporaire» du compte bancaire du RNI. Me Tayeb ne se fait pas d’illusion: «elle nous sera refusée par le tribunal. Ne serait-ce que parce qu’on n’a pas prouvé une intention de mauvaise foi dans la gestion du compte». Apparemment, plus de 20 millions de DH sont déposés chez BMCI dans l’agence bd Hassan II à Rabat.
Curieusement, le parlementaire Driss Houat, un des ténors du parti et membre du Comité exécutif, est «surpris» que l’on ait demandé un audit des comptes par voie judiciaire. Il n’était même pas au courant quand L’Economiste l’a contacté: «je n’ai pas été associé à cette décision. Pourtant, nous nous sommes réunis lundi 11 janvier à Fès avec Mezouar, etc… C’est de la bassesse», déclare-t-il agacé. Le président de la Fédération des chambres de commerce et d’industrie du Maroc aurait préféré qu’on n’en arrive pas là ou que la question soit réglée, en interne, par les instances du parti. Seulement, dialogue et confiance au sein du RNI relèvent du passé. La justice a quasiment investi ses institutions. Sinon comment expliquer la présence d’un huissier de justice lors de la réunion de la commission centrale? Il devra contrôler, le 16 janvier à Rabat, que ses 400 membres sont bel et bien ceux dont le nom figure dans la liste. Une liste déposée au ministère de l’Intérieur. Cette manœuvre vise à éviter qu’une quelconque falsification ou contestation soit soulevée par la suite au sujet du quorum. Il faudra que chaque décision prise soit verrouillée juridiquement, sachant que c’est Mansouri qui a pris l’initiative de le convoquer. A noter que le Conseil national du parti se réunit le 23 janvier à Marrakech. L’actuel président passera-t-il à la trappe? En tout cas, la «destitution du président est à l’ordre du jour», explique un membre du Comité exécutif.
Qu’en pense Mansouri? En réunion au Parlement pour la préparation des questions orales, il est resté injoignable… Une chose est sûre, selon ses récentes déclarations, il estime que «la décision de réunir le Conseil national en mettant à l’écart la présidence est une décision illégale et illégitime» (cf. www.leconomiste.com; édition du 30 décembre 2009). Mezouar, de son côté, fait valoir la délégation de pouvoirs qui lui a été accordée par le président lui-même.
Pour Houat, la gestion politique des élections communales du 12 juin 2009 est en cause, sa coordination nationale en particulier. Avec 4.112 sièges, le RNI est arrivé pourtant 3e derrière le Parti de l’Istiqlal (2e) et le Parti authenticité et modernité (1er). Ce qui constitue 14,8% du total des sièges et pour lesquels sept millions de Marocains ont voté en juin dernier. Ce qui n’empêche pas ce ténor du RNI de comparer le président de son parti à «un camion qu’on a surchargé». source: leconomiste
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